Au moment où l’humanité fait face au péril climatique dont les répercussions sont dévastatrices, la République du Congo abrite du 2 au 5 juillet, la première Conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement (Ciar). Ce grand rendez-vous climatique vise à définir une stratégie pour l’augmentation de la superficie forestière mondiale sur la base d’une coopération internationale à travers la systématisation des activités d’afforestation et de reboisement.
Organisée par la République du Congo, en partenariat avec l’Union africaine et les Nations unies, cette conférence, la première du genre, va permettre d’accroître la capacité de séquestration de carbone atmosphérique dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, d’œuvrer pour la préservation des habitats et de la biodiversité, de soutenir et de maximiser davantage la production des biens et services fournis par les forêts.
Spécifiquement, l’événement prévoit d’établir un état des lieux de l’afforestation et du reboisement à l’échelle mondiale ; d’adopter une stratégie mondiale d’afforestation et de reboisement, incluant les aspects techniques, scientifiques et financiers ; de solliciter l’inscription de la « Décennie Africaine et Mondiale de l’Afforestation » dans l’Agenda des Nations Unies ; ainsi que de désigner un organe de suivi de la mise en œuvre des recommandations de la conférence.
Au cours de cet événement majeur pour la préservation des forêts, les participants et les experts vont aborder plusieurs thématiques, parmi lesquelles « Urgence climatique, rôle des forêts et impact sur les vies humaines », « Solutions scientifiques innovantes pour l’afforestation et le reboisement », « Financement et partenariat » ; ainsi que « Décennie africaine de l’afforestation et du reboisement : objectifs, impacts, résultats attendus et indicateurs ».
Pour cette première Conférence, plus de 1.500 participants sont attendus, 200 représentants des gouvernements et 100 experts et organisations internationales.
L’urgence de préserver les forêts
D’après les experts, la disparition des forêts entraîne la perte de leur capacité de stockage du carbone, et le dioxyde de carbone ainsi libéré aggrave encore l’effet de serre. L’adoption d’une approche globale visant à gérer les forêts de manière durable est indispensable pour lutter efficacement contre le changement climatique.
En effet, les forêts sont des écosystèmes essentiels qui fournissent des habitats à la plupart des espèces de la planète et des moyens de subsistance à près d’un milliard de personnes. La préservation et la restauration des forêts sont essentielles pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux.
Les forêts aident l’humanité à éviter les pires effets de la crise climatique
Dans un texte explicatif publié en octobre 2023, le PNUD estime que les forêts saines sont de puissants puits de carbone. Elles absorbent et stockent le dioxyde de carbone. Les estimations montrent qu’au niveau mondial, entre 2001 et 2019, les forêts ont absorbé deux fois plus de carbone qu’elles n’en ont émis, soit 7,6 milliards de tonnes de gaz carbonique (CO2) par an. C’est pourquoi les forêts offrent une capacité cruciale à extraire les Gaz à effet de serre (GES) de l’atmosphère et aident l’humanité à éviter les pires effets de la crise climatique.
Selon les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le secteur de l’Agriculture, de la foresterie et des autres utilisations des terres (Afaut) peut apporter jusqu’à 30% des réductions d’émissions de GES nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C, pour un coût relativement faible. Pour le secteur Afaut, de nombreuses possibilités d’atténuation à fort impact se trouvent dans les forêts.
Les forêts sont de parfaits exemples de régénération et d’adaptation naturelles et constituent l’une des solutions fondées sur la nature les plus efficaces. Leur résilience ne les protège toutefois pas des facteurs de stress anthropiques, dont le changement d’affectation des terres, la déforestation, l’industrialisation de l’agriculture et l’urbanisation, indique la source.
Les forêts saines, un tampon entre l’homme et la faune sauvage
Au-delà du rôle crucial que les forêts jouent dans la lutte contre le changement climatique, elles sont également importantes pour le bien-être de l’homme. En effet, les forêts couvrent près du tiers des terres émergées de la planète, soit l’équivalent de la superficie du Brésil, du Canada, de la Chine et des États-Unis réunis. Ces 4 milliards d’hectares de forêts ne sont pas seulement de vastes étendues de verdure. Ils constituent une composante vitale de la planète.
Les forêts sont des écosystèmes où prospère une riche biodiversité, abritant 60.000 essences d’arbres différentes, 80% des espèces d’amphibiens, 75% des espèces d’oiseaux et 68% des espèces de mammifères. Elles fournissent d’immenses services écosystémiques. Elles contribuent notamment à la régulation des régimes pluviométriques, à la protection des ressources en eau et à la prévention des inondations et de l’érosion des sols, souligne le texte explicatif du PNUD.
Outre cela, les forêts favorisent le bien-être économique, écologique et socioculturel de nombreuses communautés du monde entier, en fournissant un accès à l’eau potable, à la nourriture et aux médicaments à près d’un milliard de personnes qui en dépendent pour leurs moyens d’existence. Aussi, les forêts saines servent de tampon entre l’homme et la faune sauvage et limitent la propagation des maladies infectieuses zoonotiques.
Au total, 70 millions d’autochtones considèrent les forêts comme leur demeure et en sont les principaux gardiens. Pour eux, la santé des forêts est par nature une question de survie. D’où, il ne fait aucun doute que la conservation, la gestion durable et la restauration des forêts présentent d’immenses avantages pour les humains et pour la planète.
Par Grace Dinzebi
